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S’affranchir d’Hydro-Québec en 5 ans

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Le bureau de l'éditeur du magazine La Maison du 21e siècle est alimenté par 625 W de capteurs photovoltaïques et une réserve de 24 kWh.

Retenez bien ces chiffres : 1 150 kilowattheures (kWh) coûtent moins de 100 $ taxes incluses au tarif actuel d’Hydro-Québec. C’est la quantité moyenne d’électricité produite annuellement avec des capteurs solaires photovoltaïques (PV) par kilowatt de puissance installés à Montréal, à + ou – 30 degrés du sud et à une inclinaison de 45 degrés correspondant à la latitude, selon le physicien Yves Poissant, chercheur expert en PV au laboratoire CanmetÉNERGIE de Ressources naturelles Canada, à Varennes. Un tel système coûte environ 3 $ le watt (donc 15 000 $ pour 5 kW qui produisent moins de 500 $ d’électricité par année), excluant des batteries et l’installation.

Ce ne sont pas du tout les chiffres que j’ai entendus de la bouche d’un vendeur croisé récemment dans un salon grand public. En devenant autoproducteur d’électricité solaire, disait-il, l’on pourrait récupérer en cinq ou six ans un investissement de « 15 à 16 000 $ » dans le système PV qu’il proposait. Ceci parce qu’Hydro-Québec crédite 1:1 les watts d’énergie renouvelable injectés sur son réseau par des autoproducteurs, en vertu de son option tarifaire de « mesurage net ».

L’argumentaire du vendeur : « Un panneau de 3,5 x 5,5 pieds donne 380 watts par heure. Sur un an Hydro vous crédite, à 11 sous du kilowattheure, entre 100 $ et 125 $ le panneau en conditions d’ensoleillement optimales. » Le client consommait environ 2 800 $ d’électricité par année et il lui proposait un système de 22 panneaux qui rapporterait 2 750 $ de crédits par année. Foutaises!

Vérification faite, les divers modèles de capteurs de son fournisseur ont plutôt des puissances « crêtes » de 290 à 300 W, soit seulement dans des conditions optimales d’ensoleillement. Ensuite, Hydro-Québec ne vend et crédite pas l’électricité à hauteur de 10,8 ¢/kWh « avec les taxes et les frais de livraison », comme il précisa quand j’osai le contredire. En divisant bêtement le montant total qu’Hydro-Québec m’a facturé en 414 jours pour une consommation de 22 370 kWh (1994 $ incluant la redevance d’abonnement, les frais de relève de mon compteur non communiquant et les taxes), j’arrive à 0,089 $, bref 8,9 ¢/kWh. « La notion de frais de livraison est curieuse puisqu’au Québec, le prix de l’électricité comprend la production, le transport et la distribution d’électricité, explique Louis-Olivier Batty, relationniste chez Hydro. À titre illustratif, pour une consommation de 1 000 kWh/mois, le coût moyen de l’électricité sera de 7,13 ¢/kWh ou 8,20 ¢/kWh (incluant les taxes) à compter du 1er avril. »

Ensuite, j’ai demandé cinq fois au vendeur combien de kWh produisent annuellement des capteurs PV d’une puissance de 1 kW installés à Montréal. Il a fini par dire que, sur la base de « plus de 300 installations en 2017 », c’est 12 kWh par jour durant 320 jours (« parce que la neige prend deux à trois jours à fondre ») pour un total de 3 840 kWh. Bref, comme par miracle, ses capteurs produiraient 3,3 fois plus que les 1 150 kWh mesurés par l’expert fédéral Yves Poissant.

Ce vendeur a même eu le culot d’ajouter que ses panneaux produisent de l’électricité 12 heures par jour en moyenne, même par temps nuageux. En fait, pour calculer la production annuelle d’un système, Yves Poissant ne calcule en moyenne que 3,15 h/jour de plein ensoleillement pour arriver au 1 150 kWh de production annuelle d’un système de 1 kW (1 000 W x 3,15 h x 365 jours).
Comme ma vie n’est que succession de synchronicités, avant de croiser ce vendeur charlatan, je venais justement de recevoir par courriel une mise en garde concernant la même entreprise. Un de ses clients en furie venait de convaincre Desjardins d’annuler son achat payé sur VISA, grâce à une expertise démontrant que l’entreprise n’a pas tenu promesse. Ses capteurs PV avaient été posés avec une inclinaison d’environ 30 degrés et la moitié était installée du côté nord de son garage. Son système était loin de combler 100 % de sa consommation électrique et d’être rentable en 10 ans, tel que promis, les prévisions étant cinq à six fois trop optimistes, selon l’expertise.
Bref, assurez-vous que vos clients transigent avec des entreprises réputées fiables dans le domaine depuis au moins une décennie. Il est dommage que de tels charlatans nuisent ainsi à l’industrie solaire alors qu’elle est promise à un brillant avenir. Malgré leur coût élevé, les batteries alimentées au PV feront bientôt fureur, car elles offrent une sécurité énergétique en cas de panne du réseau tout en permettant de réduire la demande de pointe hivernale.

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Crédit Photo: Le bureau de l’éditeur du magazine La Maison du 21e siècle est alimenté par 625 W de capteurs photovoltaïques et une réserve de 24 kWh.

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